Les lauréats de l’appel à projets 2017

Equipe du Pr. José Cohen, Université Paris Est – Créteil, « La voie TNF/TNFR2 »

 

Le projet de cette équipe est de mettre en place une nouvelle stratégie d’immunothérapie anti-cancéreuse en amplifiant le rôle bénéfique des lymphocytes T présents dans un greffon de moëlle pour éliminer la leucémie des patients greffés. Ces lymphocytes T sont malheureusement aussi parfois responsables d’une complication grave appelée maladie du greffon contre l’hôte (GVHD en anglais). Les chercheurs ont découvert qu’une voie de régulation nommée TNF/TNR2 permettait aux cellules Treg de moduler l’effet des lymphocytes T. Grâce au financement de Leucémie Espoir, leurs travaux sur ce système de régulation vont pouvoir avancer. Leur approche thérapeutique est double et consiste à utiliser soit des anticorps anti-TNFR2 bloquant l’action des Treg et permettant ainsi aux lymphocytes T de jouer leur rôle anti-cancéreux sur la leucémie, soit des molécules mimant le TNFR2 pour stimuler les Treg et contrôler la maladie du greffon contre l’hôte.

 

 

Equipe du Pr. Sophie Caillat-Zucman, Hôpital Robert Debré, Paris, « Nouvelle approche de ciblage des leucémies à l’aide de cellules CAR-MAIT ».

 

La technologie des cellules CAR-T a démontré un grand potentiel pour le traitement de certains cancers. Dans le cas de cancers du sang affectant les lymphocytes B, elle consiste à prélever les lymphocytes T d’un patient, de les modifier pour qu’ils expriment à leur surface un récepteur anti-CD19, CD19 étant une molécule présente à la surface des cellules B leucémiques, et de réinjecter au même patient ces cellules CD19-CART. En liant le CD19 des lymphocytes B leucémiques, les CD19-CART entrainent leur destruction.  Les essais cliniques de cette approche ont donné des résultats très encourageants. Cependant, la production de cellules CART se faisant à partir des cellules de chaque patient, elle est très complexe et coûteuse.
Le laboratoire du Pr Caillat-Zucman cherche à utiliser la même technique de modification génétique d’un récepteur chimérique en utilisant des lymphocytes T non conventionnels que l’on trouve dans les muqueuses appelés MAIT. En effet, ces lymphocytes ont à leur surface des récepteurs peu diversifiés qui reconnaissent essentiellement des dérivés de la vitamine B2 d’origine microbienne et pas tout un panel d’antigènes. Pour autant, ils produisent des cytokines inflammatoires et des molécules cytotoxiques permettant de détruire efficacement des cellules anormales. Les chercheurs ont démontré que les MAIT d’un donneur ne prolifèrent pas chez le receveur après greffe et qu’il est donc peu probable qu’elles induisent une réaction de greffon contre l’hôte. Leur approche est maintenant de produire des cellules CD19 CAR MAIT universelles qui pourraient détruire les lymphocytes B leucémiques chez n’importe quel patient, sans produire de réaction de rejet. Si ces cellules chimériques s’avéraient efficaces comme les CD19 CART, elles pourraient devenir un « réactif universel » beaucoup moins cher à produire et donc plus rapidement accessibles aux malades. Leucémie Espoir est fière de financer ce projet à la pointe de l’innovation thérapeutique.

 

 

Equipe du Dr Raphaël Itzykson, Hôpital Saint Louis, Paris « Rôle du système Xc dans l’oncogénèse des leucémies aigües myéloïdes »

 

L’équipe du Dr Itzykson travaille sur de nouvelles approches thérapeutiques des leucémies aigües myéloïdes (LAM) dont le pronostic est mauvais, avec seulement 50% de guérison chez l’adulte jeune et 20% chez le sujet âgé chez qui la maladie est plus fréquente. Les chercheurs ont identifié le gène SLC7A11 comme associé à la prolifération in vitro de cellules leucémiques. Ce gène code pour une protéine jouant le rôle d’échangeur d’acides aminés pour la cellule nommé système Xc. Cette protéine permet de faire entrer une cystine, molécule associée à la lutte contre le stress oxydatif, en échange de la sortie d’une molécule de glutamate de la cellule. Ce gène a retenu leur attention car il est connu pour participer à la progression de plusieurs tumeurs solides, il n’avait jamais été impliqué dans la biologie des LAM et il existe des inhibiteurs chimiques du système XC, comme la sulfasalazine, largement utilisés et bien tolérés. Des résultats préliminaires montrent que l’inhibition du système Xc diminue la viabilité des cellules leucémiques. Grâce au financement de la fédération Leucémie Epoir, l’équipe va s’attacher à confirmer que cette protéine est une cible thérapeutique pertinente dans les leucémies aigües myéloïdes et à mettre en évidence le rôle de l’import de cystine dans le développement de ces pathologies. Leur objectif à moyen terme est de lancer une étude clinique pour évaluer l’efficacité de la sulfasalazine chez les patients atteints de LAM.