GREFFE DE MOELLE OSSEUSE : UNE PETIT GESTE QUI SAUVE DES VIES

Atteinte d’une leucémie aiguë myéloïde, en mai 2015, Françoise Leux a reçu une greffe de moelle osseuse, dès octobre 2015, grâce à un donneur extérieur compatible. À l’époque, ses enfants étaient âgés de 8 et 12 ans. « Sans la greffe, je ne les aurais pas vus grandir », assure-t-elle.

 

Aujourd’hui, Françoise milite au sein de la Fédération Leucémie Espoir (antenne d’Ille et Vilaine (35)

 

texte et photo C.H.R

Article paru dans la presse régionale le 03 août 2021

La maladie est arrivée sans prévenir. « Ça m’est tombé dessus du jour au lendemain, j’étais en pleine forme », raconte Françoise Leux. Atteinte d’une leucémie aiguë myéloïde, à 42 ans, c’est en faisant une prise de sang à cause d’une hernie discale, en mai 2015, que cette infirmière malouine apprend ce terrible diagnostic. « Je ressentais un peu de fatigue, de légers symptômes mais rien de marquant. C’est très insidieux, souvent les diagnostics sont posés aux urgences. » Plus communément appelée « cancer du sang », cette maladie déclenche une production excessive de cellules sanguines immatures dans la moelle osseuse qui empêche la production normale de globules rouges (nécessaires au transport de l’oxygène dans l’organisme), entraînant alors une anémie, et une diminution de la production de plaquettes (qui permettent l’arrêt des saignements). François Leux est placée en chambre stérile immédiatement. Elle y entame une chimiothérapie abrasive afin de détruire les cellules cancéreuses. Elle y reste d’abord deux mois. « Les visites sont limitées, votre famille passe en sas de désinfection, vous êtes en scission physique totale avec le reste du monde, raconte-t-elle, tous les gens que vous voyez portent des masques et des gants, plus personne ne vous touche, c’est dur et ça dure. »

 

Une chance sur un million de trouver un donneur

Mais sa moelle osseuse ne redémarre pas sans cellules cancéreuses et dès juillet la décision d’une greffe est inéluctable. Deux possibilités existent, soit un frère ou une sœur compatible, « mon frère ne l’était pas », soit un donneur anonyme extérieur, c’est-à-dire une chance sur un million. « Il y a un registre national et un registre international (qui centralise tous les registres nationaux) sur lesquels on compare notre carte d’identité génétique avec celles de donneurs non apparentés », explique Françoise Leux. En dépit de cette faible probabilité, celle-ci apprend qu’un donneur a été trouvé en septembre. L’espoir d’une guérison se dessine. « Il faut coordonner les deux opérations et le transport, c’est une chaîne humaine incroyable, explique Françoise Leux, reconnaissante. Chaque nouveau donneur est une chance de guérison. »

 

 

Son amie décède faute de donneur compatible

C’est pour cela que Salomé Robert milite aujourd’hui. À 33 ans, cette enseignante est présidente de l’association rennaise Moelle Ticolore qui promeut le don de moelle osseuse. Une « vocation » qui lui est venue très tôt. « À 14 ans, une de mes amies du même âge a eu une leucémie. Faute de donneur compatible, elle est décédée trois ans plus tard. Je me suis promis de donner dès que je le pourrais. » Une parole à laquelle n’a pas manqué la jeune femme qui s’inscrit à 18 ans sur le fichier national des donneurs de moelle osseuse. « On m’a appelé deux ans plus tard, raconte-t-elle. J’ai fait un prélèvement sanguin qui a duré quatre heures à l’Établissement français du sang. J’étais fatiguée, alors j’ai fait une sieste, c’est tout. Mais c’est un petit geste qui a sauvé une vie ». Si les bénéfices de la greffe ne sont pas immédiats, Françoise Leux est formelle : « Il a fallu trois semaines avant que le processus agisse mais j’ai retrouvé une vitalité mentale grâce à cet espoir de survie ». Au passage, cette professionnelle de santé désormais en invalidité a changé de groupe sanguin. « Je fabrique les globules rouges de mon donneur. On devient quelqu’un d’autre. Sur une scène de crime, mon empreinte génétique est celle de mon donneur », plaisante-t-elle.

 

Réciprocité de pensée entre donneurs et greffés

Si le don reste anonyme, elle sait malgré tout que son bienfaiteur est un jeune homme Allemand de 19 ans. « Il y a un million de personnes inscrites sur le fichier allemand et seulement 300 000 en France, précise Salomé Robert, donc beaucoup de Français sont sauvés par des dons allemands ». Une question de culture, selon Françoise Leux, qui milite aujourd’hui, comme Salomé, pour inciter les donneurs potentiels de l’Hexagone. « Je pense à ce jeune homme souvent, confie Françoise Leux. Je me demande comment il va, j’aimerais lui dire qu’il m’a sauvée ». Côté donneur, Salomé Robert s’interroge aussi. « Autrefois, ça ne se faisait pas mais maintenant les greffés aimeraient remercier par un mot écrit. Et moi, je me demande souvent si la greffe a fonctionné pour celui ou celle à qui j’ai donné ma moelle osseuse. Je sais juste que c’est quelqu’un de Grenoble. J’aime penser que tout va bien ».

 

 Pour tout savoir sur le don de moelle osseuse, rendez-vous sur le site : dondemoelleosseuse.fr

 

Une personne greffée et une donneuse témoignent de leur vécu pour sensibiliser l’opinion.