Sara témoigne

Donner la vie

 

Voici ce qu’attend la société d’une jeune femme approchant la trentaine.
Procréer.
Etrangement, je n’ai jamais ressenti ce besoin viscéral en moi.
Par contre, mon cœur a toujours été particulièrement sensible à l’adoption.
Y’a-t-il plus bel acte de générosité que d’accueillir en son foyer un enfant qui peuple déjà cette planète avec (souvent) son lourd passé ?
Voilà ce à quoi j’aspirais.

Mais, quant à 29 ans, j’ai de mon plein gré écarté de ma vie toute possibilité d’adoption ou même de procréation, un autre chemin s’est imposé à moi : le don de moelle osseuse.
Totalement ignorante de ce type de don quelques mois plus tôt, je me suis mise à fréquenter assidûment l’EFS de ma ville. J’étais vraiment dans une période de « don de soi ». Sincèrement je pense qu’à ce moment là si j’avais pu donner un de mes poumons à un malade, je l’aurais fait sans hésiter. Une totale dépossession de mon corps pour autrui.

 

« Engager vous pour la Vie »


Voici le slogan qui a chaviré mon cœur et qui fut Mon évidence. Je me suis inscrite sur le fichier de donneur de moelle osseuse le 4 Décembre 2014. C’était un acte personnel, réfléchi qui donnait sens à ma vie.

Me croirez-vous si je vous disais que je me sentais prédestinée à effectuer ce don ? Si je vous disais que c’était Mon chemin de vie, celui que je ressentais et voulais au plus profond de moi, plus fort qu’une envie de maternité ?

J’ai bel et bien été appelée. D’abord, on m’indique que je suis potentiellement compatible parmi d’autres. Puis avec les tests, la compatibilité s’affine. Les semaines passent, le personnel médical met en garde : il faut se « réserver » durant les prochains mois sans pour autant s’emballer car ce n’est pas encore confirmé.

Puis arrive le jour de l’Appel. C’était le 8 Juin 2016, en plein ménage dans la bibliothèque du Château du Puy du Fou, je reçois un énième appel de l’EFS de Nantes mais cette fois, c’est pour me confirmer ma compatibilité avec un patient atteint de leucémie. Le prélèvement doit avoir lieu très rapidement et sous anesthésie générale.

Je vous épargne les détails de la suite car finalement tout ce que nous pouvons vivre en tant que donneur est absolument dérisoire comparé au parcours du receveur …

La seule chose que vous devez savoir avant de vous inscrire en tant que donneur est que c’est un Engagement. La personne qui s’inscrit ne doit s’attendre à rien mais être prête à tout. Oui, il faut être prêt à passer sur le billard. Même s’il est vrai que beaucoup de dons se font maintenant par simples prélèvements sanguins, ce n’est pas toujours le cas. Il faut le savoir avant de s’engager. C’est un acte personnel et réfléchi qui doit prendre son sens dans votre vie, car effectivement il chamboule votre vie durant quelques mois et la marque à jamais.

A ce jour, je n’ai aucune nouvelle de mon receveur. Il doit avoir 13 ans maintenant. Je pense tous les jours à lui et mon cœur s’accélère dés que j’ouvre ma boite aux lettres. Même si je ne sais pas s’il est encore en vie et en bonne santé, j’ai la foi. Et si ma vie entière n’était faite que pour ce don ? J’entends encore le corps médical me dire que c’était un bon greffon bien vif. Je m’accroche à ça. J’espère que mon greffon s’accroche tout autant à ce jeune garçon.

Finalement, il y a plein de possibilités de (re) donner la vie, je m’en vais de ce pas chercher les autres façons ! A bientôt !

 

Sara Bonnin